Une étude de la KU Leuven, menée en collaboration avec Securex, démontre que les entreprises n’exploitent pas assez leurs données. La professeure Sophie De Winne et l’étudiant Tim Van Laere (KU Leuven) ont interrogé 241 CEO et responsables RH. Heidi Verlinden, HR Research Expert de Securex, explique que l’enquête s’est intéressée à deux thèmes:
Dans la catégorie des organisations de plus de 250 salariés, 90% de celles qui ont été interrogées utilisent des données RH pour corriger leurs processus (via les rapports ou l’analytique). Les PME qui disposent d’un responsable du personnel sont 78% à le faire. Celles qui n’en ont pas ne sont plus que 50%. «Les organisations qui ont des moyens limités peuvent apprendre beaucoup de choses de leurs données RH. Elles peuvent comparer leurs chiffres d’absentéisme avec ceux de leurs concurrents, détecter les absences anormalement fréquentes ou longues, se rendre compte que le risque d’absentéisme augmente et analyser les profils de risque des salariés», explique Heidi Verlinden.
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L’analytique RH est moins répandue dans les entreprises et les services publics belges.
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Mais dans quels domaines utilise-t-on des chiffres et des analyses?
L’absentéisme (94% des organisations)
Les connaissances, la disponibilité des données et l’informatique sont les plus grandes barrières qui empêchent de pratiquer l’analytique RH. Les grandes entreprises se plaignent surtout de problèmes informatiques. Dans les PME, ce qui manque, ce sont les compétences en statistiques et les formations sur la gestion des données. Il faut souligner qu’aucune PME sans responsable du personnel ne prévoit de se lancer dans l’analytique RH si elle n’utilise pas de données aujourd’hui. Ceci parce que cela ne correspond pas à la culture de l’entreprise. Mais dans les PME qui disposent d’un responsable du personnel, l’intention d’utiliser des données reste faible (32%). Là, c’est le manque de soutien de la part de la direction qui fait défaut (55%). Les PME qui envisagent de se lancer dans l’analytique RH veulent d’abord favoriser le bien-être de leur personnel et mesurer l’impact de leurs activités RH.
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Sophie De Winne (KU Leuven) ne cache pas que le couplage des données RH avec les données financières et opérationnelles prend beaucoup de temps et coûte cher. «Mais c’est la condition sine qua non pour garantir la qualité de l’analytique RH. On en arrive alors à une situation paradoxale: le management veut avoir la preuve de l’utilité des données avant d’y investir alors que le département RH a besoin de ces données pour fournir cette preuve.» Sophie De Winne comprend la situation, même si une large gamme de techniques statistiques sont disponibles. Elles vont des procédés les plus simples aux plus complexes et peuvent être appliquées à des séries de données de grande ou de petite taille. «Le problème est que vous devez connaître toutes les possibilités de cette science pour obtenir des résultats valables.» La professeure voit deux conditions indispensables pour commencer à utiliser ces techniques. Il faut d’abord disposer de données pertinentes et valides. Elles doivent être disponibles et mesurer les concepts auxquels la GRH veut s’intéresser. Ensuite, il doit y avoir un dialogue entre les professionnels RH qui connaissent leur métier et leur activité et les scientifiques des données. «Grâce à ce dialogue, il devient possible de définir des terrains d’investigation pertinents pour l’entreprise.»
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Sophie De Winne observe que les sujets intéressants d’enquête dépendent de l’activité et du contexte propres à l’entreprise. Grand classique: l’explication du taux de rotation et de l’absentéisme. Le domaine fait l’objet de nombreuses enquêtes. «Rien qu’en étudiant les modèles existants, un service du personnel peut facilement trouver les raisons des départs et des absences dans sa propre organisation et essayer d’y répondre.» Mais Sophie De Winne voit d’autres possibilités.