Les dossiers psychosociaux ont baissé en 2020

2 décembre 2021
Texte
Francois Weerts

Co-Prev, qui rassemble les services externes de prévention et de protection au travail en Belgique, a constaté l’année dernière une légère baisse du nombre de dossiers sur les aspects psychosociaux.

Les membres de Co-Prev qui, en 2020, ont veillé ensemble sur la santé et le bien-être de près de 4 millions de travailleurs belges, ont traité 14.991 de ces dossiers en 2020. C’est 2,12% en moins qu’en 2019, une diminution probablement liée en partie au coronavirus. La nature et la répartition des dossiers restent stables malgré la pandémie: 7 dossiers sur 10 tournent toujours autour d’un conflit, d’un comportement de harcèlement, du stress ou du burn-out.

Les années précédentes, Co-Prev avait constaté une forte augmentation – 7% en 2019 et 8% en 2018 – du nombre de dossiers concernant des problèmes psychosociaux. «La diminution en 2020 pourrait donc en partie être due à la crise sanitaire», déclare Peter Decavele, président du groupe de travail Aspects psychosociaux chez Co-Prev. La disparition des réunions physiques a fait disparaître certains éléments déclencheurs de conflits. Il y a en effet des cas qui n’ont tout simplement pas été signalés. «Premièrement, le seuil pour prendre rendez-vous avec le conseiller en prévention était un peu plus élevé que d'habitude. Les entretiens physiques étaient difficiles et les rendez-vous en ligne ont mis du temps à se mettre en place, surtout pour les sujets sensibles.»

Se taire n'est pas la solution

Résultat? De nombreux petits problèmes n’ont pas été signalés et ont continué à s’envenimer. Le nombre de dossiers difficiles est par conséquent en augmentation en 2021.

«Deuxièmement, de nombreux petits problèmes ont été relativisés ou reportés en raison de la crise. À cause de sa gravité, de nombreuses personnes ont peut-être pensé que ce n’était pas le moment d'évoquer ce qu'elles considéraient comme des problèmes mineurs. Et c’est dommage, car ces problèmes peuvent dégénérer. C’est ce que nous voyons déjà dans les statistiques de 2021: le nombre de dossiers difficiles est particulièrement élevé.»

Quels problèmes?

• En 2020, la majorité des dossiers tourne autour de situations de conflits (environ 34%).

• Elle est suivie par les dossiers autour des harcèlements (16%).

• Viennent ensuite les problématiques relatives au stress et au burn-out (21%).

Ces 3 raisons représentent 71% de tous les dossiers. Les sujets moins fréquents incluent la violence, le harcèlement sexuel, les événements traumatisants et l'usage de substances (consommation d’alcool, de tabac et de drogues). Dans la grande majorité des cas, une autre personne est impliquée et il s’agit dès lors presque toujours (plus de 90%) d’un collègue ou responsable. Ce n'est que très exceptionnellement (moins de 5%) que l'autre personne est une personne extérieure à l’organisation.

Oser parler de ses difficultés

Lorsque l’on s'intéresse au traitement des dossiers, il est particulièrement frappant que plus de 90% du nombre total de dossiers liés à des risques psychosociaux sont traités de manière informelle. Un chiffre qui, comme toutes les autres formes de traitement, est resté stable au fil des années. De plus, il apparaît qu'environ la moitié des dossiers sont finalisés après un ou plusieurs entretiens, sans demande d’intervention supplémentaire. 82% sont traités au travers d'entretiens entre le demandeur et le conseiller en prévention, sans que l'employeur n'intervienne activement.

«On peut en déduire plusieurs choses», explique Peter Decavele. «Les gens n'ont souvent besoin que d'une caisse de résonance. De plus, la plupart des demandeurs n’ont besoin que de quelques conversations pour tirer leurs propres conclusions ou passer aux étapes suivantes. Ces deux aspects soulignent combien il est crucial que les travailleurs osent exprimer leurs problèmes en temps opportun et qu'il y ait quelqu'un qui les prenne au sérieux et leur propose des options. Cela empêche également un conflit de dégénérer en harcèlement, agression physique ou autre problème grave. C'est précisément pourquoi il est regrettable de conclure que le seuil pour faire connaître un problème à l'employeur est encore assez élevé. Il y a là un rôle très important pour nos services de prévention.»