Une entreprise sur trois ne parviendra pas à électrifier sa flotte d’ici à 2026

23 mai 2022
Texte
Francois Weerts

Dans la plupart des entreprises et des sociétés, la transition vers la flotte électrique est en cours. Mais ce basculement de l’énergie fossile vers l’énergie (partiellement) électrique soulève de nombreux problèmes. Il ne s’agit pas uniquement de fournir un véhicule électrique à ses employés. De nombreuses questions d’ordre pratique surgissent également. Faut-il installer des bornes de recharge? Combien? Les employés doivent-ils aussi pouvoir recharger leur véhicule chez eux? Comment seront-ils indemnisés? Et qu’en est-il de la couverture des dégâts causés par une borne de recharge? Autant d’incertitudes qui font que la transition vers la flotte électrique accumule du retard.

2026, un objectif prématuré

AON, leader du marché des assurances pour les voitures de société, et FLEET, le magazine des gestionnaires de flotte automobile, ont réalisé un sondage en ligne auprès de 200 répondants. Résultat? De nombreux gestionnaires de flotte se posent encore beaucoup de questions.

Lorsqu’il leur est demandé si leur flotte sera entièrement électrifiée d’ici 2026, un bon tiers (35,7%) répond que non.

La plupart des obstacles cités sont:

• l’infrastructure des bornes (tant au travail qu’au domicile de l’employé),

• les longs délais de livraison des véhicules électriques,

• la crainte de leurs salariés de ne pas avoir suffisamment d’autonomie,

• la nécessité de refondre entièrement la politique en matière de voitures de société.

«Nous constatons encore beaucoup d’incertitudes et d’interrogations concernant l’infrastructure (système d’extinction, plan de sécurité incendie ou assurance spéciale) du parc de voitures électriques», souligne Al Pijnacker, Managing Director Fleet d'AON. «Sept répondants sur dix (68,9%) indiquent qu’aucun des éléments précités n’est en ordre. Quelque 21,9% disposent d’un plan de sécurité incendie, et seule une minorité déclare avoir souscrit une assurance spéciale pour le système de bornes de recharge. Pourtant, les entreprises ont tout intérêt d’un point de vue fiscal à régler le problème des bornes encore cette année: l’investissement est effectivement déductible actuellement à 200%.»

Manque de connaissances

Par ailleurs, 33,7% des répondants ont déclaré qu’ils ne savaient pas qui était responsable en cas de dégâts causés à une borne de recharge ou d’incendie de celle-ci. «Selon les chiffres, près de neuf employés sur dix (85,2%) conduisant une voiture électrique n’ont pas reçu d’informations sur la manière de recharger correctement leur véhicule ni sur les risques liés à la recharge via une prise électrique», s'inquiète Al Pijnacker. «Cela nous effraye un peu. AON conseille aux gestionnaires de flotte de voitures de société de faire de la prévention et de revoir chaque année la politique en matière de véhicule de société. Notre objectif est de faire baisser le coût total du risque.»

Des bornes de recharge onéreuses

Il ressort également du sondage que les gestionnaires de flotte doivent garder sous contrôle le total des coûts liés aux véhicules électriques. La facture des véhicules rechargés uniquement à des bornes de recharge rapide est souvent plus élevée que la facture de diesel ou d’essence.

La décision d'opter pour un parc automobile électrique peut être lourde de conséquences budgétaires. Il se pourrait par exemple que vous fassiez installer une borne de recharge chez un employé qui décide quelques mois plus tard de quitter l’entreprise sans avoir conclu de convention claire sur papier concernant cette borne. Même la fiscalité en la matière suscite encore parfois bien des questions puisqu’un cinquième des répondants pense que les véhicules électriques seront toujours déductibles fiscalement à 100 %, ce qui n’est pas le cas. Après 2026, le leasing d’une voiture électrique ne sera plus déductible qu’à concurrence de 67,5 % en 2031, selon la date de commande du véhicule.