Jan Heyvaert Jan Heyvaert, Chief Human Resources & Sustainability Officer d’AG Insurance
Texte
François Weerts

Quand les DRH deviennent aussi des architectes

1 juin 2022
La sortie de la crise sanitaire a montré que le besoin de se réunir, de se reconnecter est énorme
Dès l’entrée, l’immeuble déploie ses vastes espaces, éclairés par une lumière répandue généreusement par de multiples baies. La décoration est très contemporaine mais suffisamment sobre pour ne pas courir le risque d'être démodée demain. Et les jardins qui font entrer la nature à profusion dans les pièces font oublier que l’on est au cœur de Bruxelles, à deux pas de la place De Brouckère.

Dès l’entrée, l’immeuble déploie ses vastes espaces, éclairés par une lumière répandue généreusement par de multiples baies. La décoration est très contemporaine mais suffisamment sobre pour ne pas courir le risque d'être démodée demain. Et les jardins qui font entrer la nature à profusion dans les pièces font oublier que l’on est au cœur de Bruxelles, à deux pas de la place De Brouckère.

Voici comment se présente le nouveau campus d’AG Insurance, fruit de la rénovation du rez-de-chaussée d'un bâtiment construit en 1995 et situé à une rue du siège historique de la compagnie.

Projet de prestige? Pas vraiment. Ici, tout est fonctionnel, pensé pour la raison d’être du bâtiment: les formations. «La compagnie compte cinq écoles qui donnent leurs cours ici», confirme Jan Heyvaert, Chief Human Resources & Sustainability Officer d’AG Insurance. «C’était déjà le cas avant la reconstruction, mais les installations étaient vétustes, mal équipées et certains locaux n'avaient pas de fenêtres. Du coup, il nous arrivait souvent de louer des salles dans la ville pour pouvoir enseigner dans de bonnes conditions.»

Aujourd'hui, ce problème est résolu. Les salles sont munies des moyens techniques les plus modernes, elles sont aérées, claires et ouvertes sur les jardins. Bref, le bâtiment s'est transformé en un véritable campus urbain.

Profession de foi

Le nouveau bâtiment est une profession de foi en faveur de la formation. «La compagnie donne la priorité au développement de son personnel et de ses partenaires», continue Jan Heyvaert. «Cet engagement ne peut en rester au stade des mots. Nous voulons montrer qu'il est réel, le rendre concret. C'est le sens profond de cette rénovation. Nous avons investi dans du matériel et des équipements. Nous disposons d'un studio professionnel pour enregistrer les webinaires. Et nous avons soigné le confort physique et mental des participants. Nous avons même prévu deux cuisines pour les déjeuners mais aussi pour concocter de petites fêtes à la fin des sessions.»

Le projet se veut également une réponse aux nouvelles formes de travail popularisées par la pandémie. «La sortie de la crise sanitaire a montré que le besoin de se réunir, de se retrouver, de se reconnecter était énorme», commente Jan Heyvaert. «L’ironie du sort, mais c'est un beau symbole, a voulu que les travaux soient terminés au moment où tombaient les dernières restrictions.» La compagnie organise dans ces lieux des sessions d’inspiration. Les collègues salariés peuvent y faire des pauses, trouver un coin où effectuer un travail qui demande une grande concentration. L'acoustique a été particulièrement soignée pour que les espaces soient les moins bruyants possible. Grâce aux équipements de pointe, il est également facile de tenir des réunions hybrides. «Le campus doit aussi servir aux rencontres avec la direction. Il nous aide d’ailleurs à briser les silos dans lesquels nous nous enfermons parfois.»

Spatialiser le travail hybride

La question du travail hybride est complexe. La politique actuelle de la compagnie prévoit deux jours de présence dans les bureaux et trois jours de télétravail. «Deux jours au bureau, cela suffit-il? Il faut atteindre un niveau de connexion et de loyauté suffisant. Pour le moment, nous nous habituons à cette nouvelle manière de collaborer.» Dans cette optique, AG impose un team day: les équipes doivent se retrouver ensemble au moins un jour par semaine dans l'espoir de maintenir une certaine cohésion.

Ces évolutions ont des répercussions directes sur l'aménagement de l'environnement de travail.«Le bureau de demain n'est pas un lieu de travail mais un lieu de rencontre. Nous devons donc prévoir de nouvelles zones qui stimulent la collaboration créative, davantage d'espaces de réunion, moins de bureaux individuels...»

L'ambition, maintenant, est d'adapter progressivement le reste des bureaux pour répondre à la transformation des modes de travail. «Il faudra parvenir à aménager des espaces où les équipes pourront travailler au moins deux jours par semaine», continue Jan Heyvaert. «Il faudra répartir les zones dans lesquelles le bruit sera autorisé et d'autres où il faudra maintenir un certain niveau de calme. Enfin, par étage, il faudra prévoir un espace de connexion commun aux différentes équipes, avec une cuisine, une machine à café, un salon… Le projet n'est pas encore abouti mais l'expérience acquise grâce au nouveau campus alimente notre réflexion. Au fond, dans les conditions actuelles, un DRH doit avoir aussi une casquette d'architecte.»

Quelle gouvernance?

Le travail hybride, ou quel que soit le nom qu'on donne à ces nouvelles formes d'organisation, a bien sûr des implications sur la gouvernance. «C'est clair, le rôle des managers va sensiblement changer: moins de contrôle et de pilotage, davantage de connexion, de confiance, de stimulation des compétences et de dialogue», souligne Jan Heyvaert. «Un changement qui n'est pas facile à mettre en œuvre: gérer une équipe qui travaille à deux endroits, à la maison et au bureau, est loin d'être évident. Cela me semble même plus difficile que lors des confinements. L'enjeu est d'abord de détecter ceux qui ont des difficultés, qui ont besoin d'un suivi. Pendant les périodes de télétravail obligatoire, nous demandions aux managers de faire le tour virtuel de leur équipe. Ce qui est plus compliqué aujourd'hui parce que tout le monde travaille selon des rythmes différents.»

Reste une autre conséquence: les réflexes acquis pendant la pandémie obligent les entreprises à s'adapter à une nouvelle flexibilité. «Quand ils étaient chez eux, les salariés ont pris des habitudes différentes. Plus aucun ne travaillait de 8 à 17 heures. Certains arrêtaient une demi-heure en matinée pour faire une promenade. D'autres complétaient leur journée entre 18 et 20 heures après être allés chercher les enfants à l'école. Cette indépendance et cette flexibilité se sont enracinées.»

Pour Jan Heyvaert, cette évolution est positive mais s'accompagne de plusieurs problèmes. «Nous devons accepter de cadrer les libertés individuelles. Je ne peux pas travailler pendant la nuit alors que mes collègues respectent des horaires plus conventionnels. Mais ce débat doit s'ouvrir dans les équipes, en concertation avec le manager, pour trouver le meilleur équilibre. Il ne faut pas oublier une autre contrainte qui restreint notre liberté: nos clients. En conclusion, l'équilibre à trouver doit respecter la volonté individuelle, nos clients et l'équipe. C'est au leader d'y veiller en privilégiant la gouvernance collaborative.» ¶

Neutralité carbone

Le campus d'AG a été conçu avec des objectifs ambitieux en matière de durabilité. «Il y a d'abord la durabilité sociale, synonyme d'un environnement de travail sain qui place le bien-être des employés au premier plan», explique Jan Heyvaert. «C'est pourquoi le nouveau design devait ajouter de la lumière et de l'espace.»

La durabilité naturelle se retrouve dans le jardin, où le changement des saisons est visible dans les bureaux et les couloirs. Avec un mélange de plantes vivaces indigènes qui attirent les oiseaux et les insectes, les toits verts offrent non seulement une plus grande biodiversité et une meilleure isolation de la température et du bruit, mais aussi une vue agréable pour les résidents locaux.

Le gain écologique est maximal: les objectifs d'efficacité énergétique et d'utilisation rationnelle de l'eau ont été largement atteints. Grâce aux panneaux solaires du bâtiment, au stockage et à la réutilisation des eaux de pluie, au positionnement des fenêtres et à une bonne isolation, l’AG Campus est neutre en CO2.

Enfin, un maximum de matériaux de l'ancien bâtiment a été réutilisé. Cette approche circulaire signifie un impact moindre en termes de matériaux, mais aussi de transport pendant les rénovations.

Au cœur de Bruxelles

Le projet d'AG est une rénovation totale du rez-de-chaussée de l'immeuble de bureaux construit en 1995 dans le quartier du Pont Neuf. Les autorités bruxelloises avaient indiqué qu'il était important que la compagnie reste à Bruxelles et soutienne la revitalisation du quartier. En tant qu'entreprise belge, AG est présente au cœur de la capitale depuis le début, il y a presque 200 ans, et continue donc de l'être.

ID

Jan Heyvaert

Fonction

Chief Human Resources & Sustainability Officer d’AG Insurance