Une équipe autogouvernée est capable de s'organiser, de prendre des décisions dans son champ de responsabilité et de corriger ses processus de travail.
Pour Jef Cumps, coach spécialisé dans l'agilité des organisations, toutes les grandes idées sur l'autogouvernance ou les équipes autonomes partent d'une bonne intention. Mais la réussite n'est pas toujours au bout du chemin.
Pour éviter les échecs dans la mise en place d'une organisation de travail plus moderne, plus agile, Jef Cumps tient à remettre en cause plusieurs idées reçues.
Ne dites pas: «Les équipes autogérées doivent avoir une liberté complète.»
«Bien sûr, la liberté favorise la créativité, l'engagement, la collaboration et l'agilité, mais qu'en est-il du pilotage de l'organisation?», demande l'expert. «Il ne faut pas perdre de vue plusieurs choses: il y a des résultats à atteindre, l'efficacité doit être optimale. Bref, il faut une certaine dose de contrôle. «Autrement dit, l'idéal est de concilier ces deux pôles. Une équipe autogouvernée poursuivra un objectif partagé, inspirant et mesurable. Elle évoluera dans un cadre motivant où les règles sont transparentes. Elle procédera aussi à des évaluations régulières pour améliorer ses résultats et la coopération entre ses membres.
Dites: «Les équipes exercent leur autonomie dans un cadre clair, qui les aide à atteindre leurs objectifs.»
Ne dites pas: «Les managers deviennent inutiles dans les équipes autogérées.»
«C'est vrai», explique Jef Cumps. «Les équipes autogérées prennent en charge certaines fonctions traditionnellement dévolues aux managers. La planification des tâches, par exemple, la coordination ou la résolution de problèmes. Cela ne veut pas dire qu'ils deviennent superflus, au contraire: ils doivent assumer d'autres rôles.»
Le premier de ces rôles est celui de leader. «C'est la personne qui indique la direction, qui donne le sens de l'action de l'équipe, qui définit les grands objectifs. Elle fixe aussi les limites du terrain de jeu.»
Une équipe autogouvernée a également besoin d'une fonction de coach. «Il s'agit ici d'être capable de diriger les membres de l'équipe en misant sur la communication et la collaboration. Le manager crée la sécurité nécessaire pour que chacun puisse s'exprimer sans risque et il poursuit un objectif fondamental: il aide son équipe à progresser.» Il faut noter que les rôles de leader et de coach ne sont pas nécessairement endossés par la même personne.»
Dites: «Les équipes ont besoin de leaders et de coachs forts.»
Ne dites pas: «Il faut oser se lancer à fond dans l'aventure.»
Quand une entreprise ou un département se décide à se convertir aux équipes autogouvernées, la tendance est grande d'avoir de l'audace et de mettre les bouchées doubles. «Mais le processus doit rester lent parce qu'il réclame beaucoup d'apprentissage. Il faut apprendre à communiquer, à planifier le travail ensemble, à prendre des décisions collectivement… On ne peut progresser dans cette voie qu'en prenant le temps de s'améliorer en continu.»
Le même principe s'applique aux managers. Eux aussi doivent apprendre leur nouveau rôle de leader et de coach. Ils doivent oser lâcher prise, ce qui ne se fait pas en un jour. Ils doivent entretenir leurs réseaux, savoir communiquer et acquérir de nouvelles compétences pour mener leur équipe à bon port. Bref, une équipe n'étant pas l'autre, il faut accepter d'évoluer à son rythme. «La précipitation vous expose à connaître de douloureuses déconvenues.»
Dites: «Le parcours vers l'autogouvernance est unique, évoluez à votre rythme.»
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